Archives mensuelles : novembre 2011

Grandir en sécurité.

 
Le sentiment de sécurité est essentiel au développement harmonieux de l’enfant. Il est une composante fondamentale de l’équilibre affectif de la personne. Ce sentiment se construit à partir des expériences quotidiennes, il n’est pas stable et peut être mis en cause par des évènements extérieurs ou des modifications du contexte de vie. Il s’exprime à différents niveaux. 
 
Depuis de nombreuses années, Hubert Montagner insiste sur la nécessité de mettre la sécurité affective au centre des réflexions et propositions de changements pour l’éducation. Les enfants sécures entrent plus facilement en relation avec des personnes non connues, ils recherchent et acceptent la communication, les situations de séparation sont vécues sans stress ou détresse. 
Ils peuvent donner d’eux-mêmes, montrer qui ils sont, accepter de faire en affrontant la possibilité de l’erreur ou de l’échec. Ils ont une meilleure alternance du rythme veille-sommeil et une plus grande liberté pour explorer de nouveaux espaces. La construction des notions d’espace et de temps en sont renforcées. 
 
« Les enfants non sécures se comportent comme s’ils avaient peur d’être délaissés ou abandonnés ou comme s’ils se sentaient en danger. Ils se protègent en ne donnant rien à voir d’eux ; ils se recroquevillent ou prennent un rôle d’emprunt dans l’opposition, la confrontation, l’insolence pour ne pas perdre la face, ne pas donner à voir leur humiliation et leur grande tristesse de ne pas se sentir reconnu et accepté pour ce qu’ils sont. Des comportements de déviance, de violence, d’apathie ou d’hyperactivité, de retrait comme le refus de penser, d’apprendre, de s’intéresser au monde, augmentent. Ces enfants refusent l’aide car elle devient source de plus d’humiliation, les met encore plus en dette vis-à-vis des adultes. La culpabilité de ne pas y arriver, d’être “ méchant”, de ne pas être ce que les adultes attendent d’eux est importante. Les enfants non sécures ont plus de mal à se protéger et à se défendre des agressions extérieures, humiliations, moqueries, harcèlement. Toutes les agressions enfantines des cours d’école sont alors vécues comme des traumas et peuvent amener aux tentatives de suicides. (Boris Cyrulnik, Fenêtre sur cours, oct 2010, N° 359). L’insécurité affective est déterminante dans l’échec et le décrochage scolaire.
Michèle
 

Comment assurer un environnement sécure?

 
Pour se sentir en sécurité, un enfant a besoin de repères stables et fiables. Ces repères concernent l’organisation de sa journée, la clarté des attentes à son égard, les règles de vie.
Il a besoin de se sentir aimé, respecté et reconnu pour qui il est, à travers ses paroles, ses réalisations, l’expression de ses émotions.et quelles que soient ses fragilités, difficultés d’adaptation ou de comportement : colère, agressivité, repli, refus de communiquer, attitude de provocation…
Il a besoin de pouvoir se référer, s’appuyer, se confronter, se ressourcer auprès de personnes aimées sur lesquelles il peut “ compter ”.
Il a besoin d’être protégé contre les actes blessants. Lise Bourbeau, fait référence aux cinq blessures qui affectent l’être humain : l’humiliation, la trahison, le rejet, l’abandon, l’injustice.

Dit ainsi, cela paraît évident et les parents à la maison, les enseignants à l’école, les éducateurs peuvent se sentir en accord avec cette nécessité. Ils se disent que bien sûr c’est ce qu’ils font déjà.

 

 Une maman : 
de toute façon, mon fils, c’est un fainéant. A la maison, il sait rien faire tout seul.”
Un enseignant : « Antoine, si tu continues comme ça, je te renvoie à l’école maternelle ». « Marie, si c’était pour dire ça, ce n’était pas la peine de lever la main ».
Un enfant en moyenne section : lui, il fait tout nul. Il sait même pas faire les boucles.
A-t-on à l’idée que ces petites phrases dites parfois sans vraies convictions, par habitude, lassitude, facilité peuvent être extrêmement blessantes pour les enfants et en particulier pour les enfants non sécures qui ne pourront s’appuyer sur leur ressources intérieures pour faire face. Pour se protéger, pour échapper ils se recroquevillent, se crispent, n’osent plus répondre quand on les questionne, n’osent plus lever la main en classe, n’écoutent plus l’adulte. 
Nous avons à établir un environnement sécure afin que chaque enfant puisse mobiliser ses ressources, grandir en paix et en harmonie.  Pour qu’un climat de confiance et de bienveillance soit assuré, la parole, les réalisations sont accueillies paisiblement, avec curiosité et attention à l’autre, en l’absence de jugement ou de commentaires négatifs ou positifs (il s’agit aussi d’un jugement !). A l’école, le travail n’est pas bon ou mauvais, il est exact, ou il y des erreurs, il correspond à ce qui est demandé où il peut être amélioré.
Les enfants sont accompagnés dans leurs avancées, ils peuvent demander de
l’aide aux adultes, aux autres enfants. La coopération, l’entraide sont recherchées.
Les adultes s’engagent dans cette démarche, ils en sont les garants mais aussi portent en eux, par leurs paroles et leurs actes, cette sécurité. Ils amènent le calme et l’apaisement. Ils prennent garde à éviter les situations et paroles blessantes. 
Michèle