Le conflit fait parti de la relation: une situation.

Lors d’un conflit les enfants sont invités à exprimer leurs ressentis. Dire ce qui s’est passé pour soi, sans porter de jugement ou accuser l’autre. Parfois cela est difficile, la blessure est profonde et les enfants préfèrent se couper de ce qui se passe pour eux. « Rien, ça me fait rien » L’adulte ne cherche pas à moraliser ou à apporter des explications extérieures et parfois lointaines de ce qui s’est passé vraiment et intimement pour les enfants. Il laisse le temps à l’enfant de se mettre en lien avec lui, d’accepter sa propre douleur. 
 
Les enfants sont invités à écouter ce qui se passe pour l’autre. « ça te fait quoi, quand Marie te dit qu’elle a de la peine si tu te moques d’elle ». Le groupe peut être sollicité, chacun va pouvoir parler de son expérience. Tous ensemble, nous réfléchissons à ce qui pourrait aider les enfants dans la situation conflictuelle. Les enfants cherchent une solution qui convient à chacun. Le conflit est résolu, lorsque chacun s’est senti écouté, entendu et qu’il peut garder la tête haute, ne pas avoir à sauver la face pour cacher la honte d’être mauvais, la culpabilité d’avoir mal agit ou l’humiliation de la punition. La relation, ça s’apprend.
 
Chloé, 8 ans, est très dynamique. Elle se déplace rapidement à travers la salle sans prendre garde à ce qui se trouve sur son passage. Au détour du chemin qui devait la mener jusqu’à une paire de ciseaux, elle piétine le collage d’un participant. Et continue sans prendre en compte la tête complètement dépitée de Thibaut. Je prononce “ stop ” à l’ensemble du groupe et demande au garçon ce qui se passe. “ Rien ” dit il en se recomposant rapidement un visage souriant et aimable. “Ce n’est pas ce que je vois ” et je décris la scène de mon point de vue, au sens littéral du terme. Chloé prononce rapidement “ j’ai pas fait exprès, c’est pas grave ! ”Nous lui demandons d’écouter comment ce geste a été vécu par Thibaut. Lequel prend le scénario de Chloé, c’est pas grave, et explique qu’il va refaire la partie du collage abimée. Nous insistons sur ce qui s’est passé vraiment à l’intérieur de lui. Tout le groupe autour de lui est en attente. Après des mimiques diverses et variées, Thibaut laisse, à nouveau son visage décomposé revenir. Un enfant du groupe suggère: “t’es triste” “ Oui, c’est tout le temps comme ça ” Comment comme ça. “ on abime toutes mes affaires, tout le temps, je suis habitué. ”Et nous avons continué tous ensemble avec des questions et des échanges d’expériences à aider Thibaut et Chloé à mettre de la lumière sur la vraie réalité du vécu de cette scène, somme toute très banale et anodine. Il suffit de regarder une cour de récréation quelques secondes pour se retrouver devant une cascade de scènes du même type. 

 

Thibaut est parvenu à dire que malgré l’habitude, la colère s’accumule et, que si il vient à l’atelier, c’est parce que de temps en temps cette colère sort et qu’il se tape la tête contre les murs. Chloé quant à elle peut prendre la mesure de ce qu’elle déclenche par ses gestes incontrôlés et le manque d’attention à l’environnement des autres. 

 

La possibilité de nommer ce qui se vit véritablement au présent avec le soutien et partage du groupe constitue l’amorce d’une acceptation de ce qui est, le changement démarre là.
Michèle

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